Un lieu vibrant, étrange, indéfini. GHOSTS est une pièce pour des êtres en quête de leur tangibilité et des mystères qu’ils hébergent : qu’est-ce qui en nous est palpable, concret, et qu’est-ce qui échappe au toucher tout en nous constituant ? En quoi nos corps réels sont affectés par ce qu’on ne voit pas ? Recevons-nous des messages venant de nos intuitions, de nos imaginaires ? Sommes-nous parfois leurs véhicules ? Le corps est-il capable de perception non optique et transcripteur de messages ou d’informations reçues par ces canaux ? En quoi écouter l’invisible peut-il nous aider à inventer de nouvelles façons d’être ensemble ?

 

Notre société a besoin de remettre au centre de ses relations la conscience qu’il existe une influence mutuelle entre les corps et les milieux qu’ils habitent. GHOSTS se propose de se tourner vers ce qu’on n’écoute moins, ce qui ne fait pas immédiatement image, depuis l’obscur, au sens de lieu de potentialités. 

 

Dans cette création, nous allons à la rencontre de celles qui ont été nommées selon les époques sorcières, médiums, hystériques ou handicapées. Rendues inaudibles, décrédibilisées socialement, ne trouvant aucune place dans nos sociétés, ces femmes errent, impensées et invisibles. Il s’agira de questionner notre peur quand on en vient à rencontrer d’autres qui fonctionnent différemment. Investissant le langage gestuel pour transmettre et rendre visible leurs messages, ces corps “surnaturels” (au sens d’au-delà de la nature connue et classifiée), cherchent pourtant eux aussi à formuler une autre vision du monde. Leur expression riche, multiple, constante, en est un témoignage précieux.

 

GHOSTS cartographie ces terras incognitas, en utilisant la danse et la musique pour rendre visible cette nature, reléguée en arrière-plan. Terres inconnues qui recèlent des mondes vierges, nouveaux, un langage expressif, poétique, une charge de potentiels de transformation et de joie. GHOSTS déploie un méta-monde empathique et sensible, qui, en ces temps de doute, de nouvelles avancées, de réflexion et d’actions sur nos manières de vivre, prend en compte la voix des minorités “aliénées” dans la réflexion collective qui nous occupe.